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le même but, et avec d’autant plus d’espoir de rattacher Juan Sanches à son gouvernement, que c’était à lui qu’il avait fourni des armes et des munitions, et qu’il comptait encore sur l’influence des conseils de M. Carabajal.

Juan Sanches accueillit ces divers envoyés avec politesse, et Thabarrès, son compatriote avec plus d’affabilité, à raison des précédens. En ce moment arrivait aussi Andrès Munoz, jadis membre de l’assemblée centrale de 1801 et qui fut ensuite commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Saint-Yague, sous Toussaint Louverture. Munoz avait connu Christophe au Cap et avait été flatté de ses prévenances envers les membres de l’assemblée centrale ; il en avait retenu une idée avantageuse, à cause de sa manière d’exercer l’autorité ; à Saint-Yague, il s’était lié avec Juan Sanches qui commandait Cotuy alors ; et il se joignit en 1809 à Carabajal, pour le conseiller de se rapprocher de Christophe plutôt que de Pétion.

A. Munoz conseilla même à Juan Sanches, de proclamer l’indépendance de la partie de l’Est, de l’Espagne, au nom de laquelle il avait pris les armes ; mais pourvu qu’il s’alliât à Christophe dont le pouvoir lui parut plus assis, afin d’en être secouru au besoin. Adoptant ce plan qu’il ne pouvait mettre à exécution dans le moment, sans soulever contre lui les populations de l’Est, Juan Sanches chargea Thabarrès de le communiquer à Christophe. Il ne rendit aucun compte à la Régence d’Espagne des succès qu’il avait obtenus, pour ne pas être obligé de demander des récompenses pour les hommes qui l’avaient aidé, et exciter par là leur mécontentement qu’il exploiterait contre cette autorité, en les persuadant qu’elle