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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/370

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étant dans la Grande-Anse, et fit occuper l’arsenal par des marins des garde-côtes le Conquérant et le Flambeau, que lui envoyèrent leurs capitaines Augustin et Jean Gaspard ; et il expédia une lettre au Président d’Haïti, l’informant de toute la trame et lui disant d’envoyer des troupes dans le Sud pour la déjouer : sa lettre fut portée à Aquin par la voie de mer et remise au général Vaval pour être acheminée. Tate, chef des mouvemens du port, l’aida dans ses dispositions militaires[1].

Mais le 31 octobre, le général Rigaud arriva dans la plaine des Cayes sans rien savoir de tout ce qui se passait en ville, ni de ce qui avait eu lieu dans toutes les communes du Sud ; il s’arrêta sur l’habitation Gracette. Il fut tout étonné de voir accourir auprès de lui, les électeurs de ces communes, les citoyens de la ville et environ 3000 hommes de la plaine ; eux tous le prièrent de soutenir leurs droits. À la nouvelle de son arrivée en plaine, les soldats de Voltaire l’abandonnèrent, les marins quittèrent l’arsenal et retournèrent à leurs bords : force fut au commandant de la place de se réfugier aussi sur le Conquérant, où A. Gaspard, excellent citoyen, garantit sa vie, mais où il devint prisonnier ; car les Gaspard adhérèrent au mouvement populaire.

La situation de sa ville natale était trop critique, les sollicitations des citoyens de tous états étaient trop pressantes, pour que le général Rigaud n’y entrât pas, afin de rétablir l’ordre et de laisser au peuple du Sud la liberté d’exprimer sa volonté. Le 1er novembre, il y fit une entrée solennelle, accompagné de Blanchet et des citoyens accourus auprès de lui[2].

  1. Tate était natif de Curaçao, mais habitant Haïti depuis longtemps.
  2. Dans cette circonstance, Rigaud agissait à peu près comme il avait fait en 1796, lors de