Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ral Rigaud a rempli ses obligations. » L’affaire de Montbrun, « la bonne foi violée à son égard ; » celle de l’insurrection de la Vallée, par des soldats du régiment de Faubert, et tendante à expulser Bauvais de Jacmel ; le Môle abandonné dans la guerre civile ; Jacmel non secouru : tous ces faits revinrent sur le tapis politique, à la charge du général en chef du Sud, indépendamment de la scission qui divisait la République. L’adresse de l’Ouest porta la date du 22 avril.

Qui la provoqua et en fit une nécessité politique ? La défense est de droit naturel : celui qui attaque, doit s’attendre à ce que son adversaire emploie tous les moyens propres à l’anéantir. — Nous reprendrons la suite des événemens du Sud : passons à l’Est d’Haïti.


Lorsque Juan Sanches eut reçu le titre de brigadier capitaine-général, que lui envoya la Régence d’Espagne, il avait hésité à l’accepter, afin de n’être pas lié à cette ancienne métropole aux yeux de la population indigène de l’Est, et ce, pour rester libre d’agir suivant son projet d’indépendance ; mais la poire n’étant pas mûre, il céda aux conseils de quelques-uns de ses amis. Le 16 août 1810, il prêta son serment de fidélité dans une grande cérémonie : se sentant dès lors soumis à l’autorité métropolitaine, quoique fort dissimulé, il ne put se contenir et dévoila sa pensée secrète aux yeux des assistans.

Cette irritation le porta à brusquer incessamment, fonctionnaires et citoyens. Un jour, il alla même jusqu’à frapper un nommé Foîeau, originaire de Jacmel, habitant Santo-Domingo depuis longtemps[1]. Celui-ci, par

  1. C’est le même Foleau à qui Guillermin a attribué l’action d’avoir tranché la tête du général Ferrand, lorsque les insurgés rencontrèrent son cadavre.