Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/438

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que vous puissiez croire que j’aie été dupe de votre sollicitude pour votre ami ; mais je ne vous en estime que davantage maintenant. Continuez à l’entretenir dans la fidélité qu’il doit à mon gouvernement : les officiers de ma garde ne doivent participer à aucun complot. » En présence d’un tel chef, exprimant de tels sentimens, Desruisseaux ne put qu’avouer la vérité.[1]

Bien renseigné par diverses voies, le président s’attacha surtout à maintenir le général Métellus dans la ligne du devoir ; car c’était l’homme le plus important, par son influence sur la 11e demi-brigade et les populations des campagnes, par la considération dont il jouissait parmi les autres corps de troupes : il y réussit par lui-même et par la femme de ce général.

Delva ne put ignorer les entreliens du président avec lui, les visites de Motellus au palais ; il demeurait sur la place d’armes qui est en face de ce palais, et de chez lui, il pouvait le voir passer pour s’y rendre. D’ailleurs, on parlait dans toute la ville de la trame qu’il avait formée, et il dut comprendre que Pétion n’avait pas été le dernier à savoir cela. Sa position devint donc embarrassante ; mais il était plein de courage et capable de la plus rande audace. Nous n’affirmons pas qu’il eût l’intention qui lui fut imputée, mais voici ce qui se passa et qui fut connu de tout le public.

Le 23 août, il se rendit au palais du président, à cheval et escorté d’un guide ; c’était dans la matinée. Pétion était sous la galerie, du côté nord ; en le voyant arriver sous le péristyle, il se dirigea vers sa chambre à coucher.

  1. J’ai su ces particularités par une personne à qui Desruisseaux les raconta, bien longtemps après cet événement.