Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/489

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sauvegarder les familles et la République, menacées des plus grands malheurs. « Je viens vous proposer, lui dit-il, de rendre la paix et le bonheur à la République ; il y va de votre gloire, et vous trouverez toujours mon cœur ouvert, prêt à devancer cet heureux moment… La circonstance présente n’apportera pas de changement essentiel à ce que je comptais faire en faveur de nos concitoyens du Sud, quand j’ai envoyé une députation au Grand-Goave, si ce n’est dans le commandement de la Grande-Anse que le colonel Henry conservera comme général de brigade, grade auquel je viens de l’élever, en considération de ses services. Si vous vous décidez à reconnaître le gouvernement, je suis prêt à envoyer une seconde députation, chargée de stipuler les articles partiels et accessoires qui devront vous donner la sécurité et la garantie de mes promesses, — la base de ma proposition préalablement admise. Je vous parle, citoyen général, en frère et en ami, et je ne vous ferai pas l’injure de croire que vous ne soyez pas convaincu de la sincérité de mes sentimens. Réunissons nos armes contre Christophe ; réparons le passé par sa défaite ; rappelons la prospérité et le bonheur dans notre pays. Je vous écris avec la confiance que votre cœur m’entendra… »

On ne pouvait agir et parler avec plus de franchise que ne le fit Pétion en cette circonstance, ni ménager davantage les susceptibilités de l’amour-propre, non-seulement de Borgella, mais des membres du conseil du Sud, généraux et autres. Ce qu’il disait des stipulations à faire et dont il avait conçu la pensée déjà, se rapportait à la promesse verbale donnée à l’aide de camp Chardavoine, de laisser à Borgella le commandement en chef du Sud,