Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/492

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président, le temps seul devait nous préparer ce bon heur ; le temps seul pouvait assoupir les préventions, calmer les haines et mettre désormais chaque citoyen à même de porter son offrande sur l’autel de la patrie : c’est là que brûle le feu sacré de la Liberté… Je vous déclare avec la franchise qui doit caractériser tout militaire, et sans détour comme sans répugnance, que votre autorité est pleinement reconnue dans ce département. C’est moins la faiblesse qui me dirige, que le patriotisme et l’amour de la paix.

Permettez-moi une réflexion qui naît des circonstances et de la tranquillité publique. La constitution du 27 décembre 1806, dont vous nous offrez la garantie, demande quelques changemens, surtout à l’article du pouvoir exécutif. Dans un pays où les lumières ne sont pas généralement répandues, où les passions sont sans cesse irritées par l’amour du pouvoir, ne vous semble-t-il pas nécessaire de perpétuer l’autorité dans les mains du pouvoir exécutif ? Un gouvernement temporaire peut-il convenir à un peuple facile à égarer et à faire éclater des factions, pour favoriser les prétentions secrètes de ceux qui convoitent le gouvernement ?…

Je sollicite de vous un ordre du jour portant oubli du passé, la promesse d’une garantie et sans aucune restriction, aussi bien que la cessation de l’anarchie où ce département se trouve livré depuis peu de jours. Je vous demande aussi une entrevue, et je me porterai avec confiance dans le lieu que vous désignerez… »

Borgella avait néanmoins admis dans sa lettre, l’idée exprimée par le président, d’une sorte de convention où des garanties seraient stipulées en faveur du Sud. Mais,