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montra constamment. Wagnac fut promu au grade de général de division dû à son mérite et à ses services. Le président pourvut à presque tous les emplois publics, d’après ses recommandations.

Bruno Blanchet n’avait pas attendu son arrivée pour s’enfuir à l’étranger : il se fit justice à lui-même[1].

Mais ce que l’on doit regretter, c’est que le général Bonnet demanda au président un passeport pour s’y rendre aussi. Il fit en cela une nouvelle faute politique, plus impardonnable que celle qui l’amena dans le Sud : car, il n’ignorait pas que Christophe était là, menaçant la République ; il avait trop contribué à la fonder, pour l’abandonner en cette circonstance. C’était sur les remparts du Port-au-Prince qu’il devait aller se réconcilier avec Pétion, en le secondant encore[2]. Qu’importait sa mésintelligence avec Boyer, en présence de la patrie réclamant le service de tous ses défenseurs ?


Le département du Sud avait cessé d’être en scission avec celui de l’Ouest, l’autorité du Président d’Haïti y était désormais reconnue, d’après la constitution et sa réélection en mars 1811. Le chef de l’Etat qui montra toujours tant de tact dans les affaires publiques, qui avait proclamé hautement l’oubli du passé avant de pénétrer dans le Sud ; ce chef sentit qu’il n’avait point à parler de nouveau au peuple, sur les événemens qui avaient occasionné cette discorde civile. Quelque rédaction qu’il aurait adoptée dans une proclamation ou une adresse, c’eût été toujours un acte désobligeant pour tous

  1. Quelque temps après, Blanchet revint aux Cayes. Sa présence y occasionna un tel mécontentement, que des officiers militaires le frappèrent dans les rues : ce qui le porta à se réfugier à Santo-Domingo.
  2. Puisqu’il ne comprenait pas ce devoir sacré, Pétion ne devait pas lui refuser le passeport.