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faire tomber au milieu de l’ennemi vainqueur : de sorte que, cette garnison était exposée à perdre beaucoup de monde, en cas de siège de la part de l’ennemi. Le général Frédéric conserva aussi ses positions à la Croix-des-Bouquets et à Jumécourt. Entre ces deux points, Sibert était le plus exposé.

Après sa victoire à Santo, dans la nuit le général Magny marcha sur Drouillard, où il s’arrêta, conformément à ses instructions.

Dans la même nuit et pendant la journée du 25, des échappés de la bataille, blessés ou non, entrèrent incessamment au Port-au-Prince. Cette ville était loin de pouvoir offrir une longue résistance, si l’ennemi marchait contre elle ; mais tous les hommes valides étaient sur pied et disposés à combattre. Le colonel Dupuche, directeur de l’arsenal, se multiplia dans cette nuit de terrible attente ; il fit placer des canons aux deux portes de l’arsenal pour défendre ce dépôt d’armes et de munitions ; il en fit traîner sur toute la ligne, du fort Marchand au fort Léogane, pour résister autant que possible aux attaques présumées de l’ennemi[1]. Caneaux, colonel du 1er régiment d’artillerie, seconda aussi le général commandant de l’arrondissement, comme tous les autres officiers supérieurs. Les soldats battus à Santo et rentrés en ville, ne remplirent pas moins leurs devoirs en se rendant dans les postes ou fortifications, dès qu’ils arrivaient. Chacun, enfin, se rappela qu’après la bataille de

  1. Dans cette nuit où l’on s’attendait à être attaqué par l’ennemi, je vis le brave Dupuche à cheval, se portant dans les postes. Son costume était singulier : il avait un schako de soldat, en cuir, un gilet rond, et il était armé d’un sabre, d’une paire de pistolets à la ceinture, d’un trabucco ou tromblon et d’un porte-voix passés en bandoulière sur ses épaules. Il resta armé ainsi durant tout le siège, et nos soldats en plaisantaient avec lui-même, qui riait comme eux.