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pour l’étranger, quand Lerebours apporta la nouvelle de la marche de l’ennemi commun ; mais, s’il foulait encore de son pied le sol des Cayes, de cette ville où reposent les restes de B. Ogé, de Geffrard, de Rigaud, son devoir était de transformer en cartouches le passeport qu’il avait obtenu, pour aller les brûler au Port-au-Prince, sur les remparts de ce boulevard de la Liberté.

Les troupes avaient défilé dans la nuit même : le 24, au jour, le président et les généraux quittèrent les Cayes ; le 26, à 8 heures du matin, ils entrèrent au Port-au-Prince. On ne peut se figurer ce qu’éprouvèrent soldats et citoyens, quand Pétion arriva dans cette ville, que par le souvenir de son retour après la bataille de Sibert, le 1er janvier 1807 : il semblait à chacun, que l’on ne devait plus rien redouter de la part de l’ennemi.

Dans l’après-midi du même jour, il parut sur la route de la Coupe et sur les mornets environnans : c’était pour commencer l’investissement de la place. Pétion, qui avait fait la tournée de tous les postes, de toutes les fortifications, dès son arrivée, se transporta au fort du Gouvernement et fit tirer plusieurs coups de canon de 24 contre les troupes qui paraissaient : on les vit se retirer.

Dès ce jour aussi, on entendit de la ville, le canon qui grondait contre le fort de Sibert. Quoiqu’il ripostât de la même manière, on put juger que l’ennemi l’emporterait à la fin, même par la famine, le fort n’ayant été construit que pour arrêter sa marche dans la grande route. Il s’y trouvait trop d’hommes agglomérés dans un petit espace, pour qu’il n’y eût pas beaucoup de pertes en tués et blessés. Néanmoins, les généraux Métellus et B. Trichet y tinrent bon pendant les journées des 26, 27, 28 et 29 mars ; mais dans la soirée de ce dernier jour, ils ré-