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recevoir son don national, comme les autres généraux qui venaient de reconnaître le gouvernement de la République, dans le Sud.[1]

La journée du 14 juin fut épouvantable, par la canonnade des batteries en possession de Christophe. On jugea par cela même, que c’était le signe avant-coureur de l’évacuation de son armée ; il semblait qu’elle voulait épuiser ses munitions et ses projectiles.

Dans la ligne extérieure, un transfuge vint dans la matinée du 14 auprès du général Borgella ; il lui annonça que le général Guerrier faisait tous les préparatifs pour l’évacuation. Borgella en avisa le président qui lui envoya l’ordre de s’en assurer, en observant les mouvemens de l’ennemi ; que cela arrivant, il ferait battre une diane générale par les tambours des corps sous ses ordres. L’évacuation de l’armée ennemie devait s’opérer, en effet, d’abord par les troupes les plus éloignées. Aussitôt que la nuit se fit, Borgella envoya le chef de bataillon Alain à la tête d’un détachement pour épier leurs mouvemens ; cet officier se convainquit de leur départ vers 8 heures du soir, et la diane fut battue : un feu de joie la suivit par ordre de Borgella. À ce signal, ce ne fut qu’un cri universel dans toutes les lignes de la place, dans tous les forts : le feu de joie et la diane y furent répétés. Les principes de la République avaient prévalu sur ceux de la Royauté !

Le 15 au jour, Borgella reçut l’ordre du président de rentrer dans la place avec ses troupes. Elles se joignirent aux autres, et toutes sortirent avec le président, par la porte Saint-Joseph. Chacun croyait qu’il allait pour-

  1. Magny reçut la sucrerie appartenant jadis à Caradeux le Cruel, l’une des plus belles propriétés du Cul-de-Sac.