Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/559

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particulières pouvaient s’en prévaloir pour parvenir à leurs fins.

Cependant, le sénat s’identifia tellement aux vues du chef de l’Etat, qu’il lui délégua l’exercice d’une partie de la dictature qu’il avait reçue, et finit par la lui déférer entièrement, en s’ajournant, afin qu’il pût briser les résistances qui se manifestaient et qu’il fit profiter à la République un soulèvement survenu dans la péninsule du nord contre la tyrannie de Christophe.

Durant l’ajournement du sénat, des efforts furent tentés pour aller au secours de ces partisans de la République, une armée fut confiée à la bravoure du général Lamarre qui débarqua dans la péninsule. Mais deux généraux qui avaient rendu des services signalés au pays, Yayou et Magloire Ambroise, égarés par leur ambition et par de perfides conseils, conspirèrent contre la République et périrent victimes de leur égarement. Les finances périclitant par l’incurie du secrétaire d’Etat Blanchet, le Président d’Haïti se vit forcé de le révoquer pour appeler à cette charge un autre citoyen ; et par cet acte nécessaire, il s’attira la haine du fonctionnaire déchu, et quelque mécontentement de la part des membres influens du sénat, à cause de son remplaçant.

En reprenant ses séances, ce corps manifesta ce mécontentement par divers actes : un dissentiment entre lui et le Président d’Haïti se fit jour, sur la marche que ce dernier avait donnée aux affaires publiques pendant l’ajournement. Ses pouvoirs extraordinaires cessaient de droit par la reprise des séances du sénat, et ce corps hésitait à le déclarer officiellement. Mécontent de ce ménagement, Gérin renouvela sa démission du sénatoriat et se retira dans le Sud dont il était le commandant supé-