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ber en la puissance du peuple, qui sait faire justice de la tyrannie et des tyrans.


Après avoir constaté de quelle manière Christophe gouvernait la partie du pays soumise à ses ordres, produisons un fait qui donnera une idée des procédés de Pétion en matière de gouvernement : le lecteur comparera et jugera.

On a vu le nom du général Lamothe Aigron parmi ceux des signataires de la protestation contre l’assemblée constituante et la constitution de 1806 ; on a vu aussi que ce général fut élu sénateur et qu’il se trouva à la bataille de Sibert. Peu après, il avait demandé la permission de se rendre dans le Nord, en même temps que des députés de ce département à l’assemblée constituante avaient obtenu cette faculté ; elle lui fut refusée, à cause de sa qualité de sénateur, alors que le sénat invitait les généraux Toussaint Brave, Romain et Magny, et le citoyen Charéron à se rendre au Port-au-Prince pour prêter leur serment. Mécontent de ce refus, il adressa une lettre au sénat pour donner sa démission ; ses collègues l’engagèrent à y renoncer, comme ils avaient fait à l’égard de Gérin ; mais, de même que ce dernier, il ne retira point sa lettre. Bientôt après, il tint à Yayou des propos insidieux pour le disposer en faveur de Christophe ; ce général en avisa Pétion qui se borna à le féliciter de ses sentimens et à le prémunir contre ces manœuvres coupables. Lamothe Aigron ne s’arrêta pas dans cette voie ; ayant discouru avec inconvenance sur la situation du pays, en présence de David-Troy, celui-ci le dénonça au sénat qui, n’ignorant pas ses propos à Yayou, adressa un message au Président d’Haïti pour en être informé