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il s’en passait d’autres au Port-de-Paix et au Gros-Morne en faveur de la République. Pour qu’on les comprenne bien, il nous faut revenir un peu en arrière.

À la mort de Dessalines, le général Guillaume, commandant de l’arrondissement du Port-de-Paix, dévoué à l’empereur, avait eu la velléité de faire assassiner quelques hommes qui témoignèrent leur satisfaction de cet événement ; mais il ne put mettre à exécution cet affreux dessein, parce que la 9e demi-brigade était en même temps irritée contre Christophe, qui fit assassiner Capois dans ces circonstances. Cette troupe fut ensuite un des premiers corps à se mutiner, à l’occasion de la solde qu’il avait prescrite. Mécontent à son tour de la faiblesse que Guillaume montra envers la 9e, Christophe l’avait révoqué et envoyé en punition à la citadelle Henry, en donnant le commandement de l’arrondissement au colonel Pourcely, homme de couleur, qui était à la tête de la 9e. On a vu que dans sa lettre à Romain, du 19 octobre 1806, il s’était reposé surtout sur Pourcely pour maintenir l’ordre parmi ce corps[1]. En marchant contre le Port-au-Prince, il fit ordonner aux 1er et 2e bataillons de le joindre ; mais la crue, des eaux des Trois-Rivières les avait empêchés de parvenir à temps ; ils arrivèrent seulement à l’Arcahaie où Christophe se trouvait, de retour de son équipée. Etant à Marchand, dans sa rage contre les républicains qui l’avaient repoussé du Port-au-Prince, il prononça des paroles menaçantes contre les hommes de couleur, qu’il rendait solidaires de ce qu’il imputait à Pétion et ses collaborateurs à la constituante : des murmures s’étaient fait entendre dans les rangs de la 9e où se trou-

  1. Il est probable que la révocation de Guillaume fut surtout motivée par son attachement à Dessalines.