calme, car il savait ce que des circonstances pareilles imposent ordinairement à tous les gouvernemens. D’ailleurs, il ne pouvait croire que, sans instructions de lui, le comte Donzelot et l’amiral Jacob eussent agi de manière à compromettre réellement le sort des Français admis à Haïti, à nuire auxbonnes relations établies entre ce pays et la France, et il avait une assez haute opinion de Boyer pour penser qu’il n’abuserait pas de son pouvoir. C’est ce qui ressort de la réponse modérée que fit le marquis de Clermont-Tonnerre, ministre de la marine, à une adresse de la chambre de commerce du Hâvre, qui se préoccupa avec raison des intérêts majeurs que ce port avait dans les affaires commerciales avec Haïti[1].
Bientôt après, on apprit que l’embargo était levé sur les navires français par la retraite de la flotille de la baie de Samana, et que de nouveaux débouchés étaient ouverts aux produits de la France dans les ports de la partie de l’Est, qui allaient prendre une autre importance sous l’administration haïtienne.
- ↑ J’ai en occasion de lire ces documens dans les cartons du ministèie de la marine. J’y ai vu anssi qu’après l’expédition faite à Samana, le comte Douzelot conçut l’idée qu’il communiqua au ministre de la marine, de la cession de Samana, avec une portion de la grande île d’Haïti, que la France pourrait obtenir de l’Espagne, afin de fonder sur cette presqu’île un formidable établissement maritime.
Depuis, M. Lepelletier de Saint-Rémy s’est approprié cette idée dans son ouvrage intitulé : « Etude et solution nouvelle de la question haïtienne. » En parlant de l’expédition navale dont s’agit, cet auteur a représenté ce fait comme ayant été provoqué « par un appel de la population de l’Est » au gouverneur de la Martinique, tandis qu’il n’a eu lieu que sur celui des colons français établis à Samana. Voyez sa narration, tome 2, pages 248 à 254. L’événement et ses circonstances y sont relatés bien autrement que je viens de le faire, d’après les documeus qu’il m’a été permis de consulter. Il cite un vaisseau nommé le Colosse, quand le seul qui se trouvait parmi les navires de guerre était le Jean-Bart.