Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/189

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gnèrent qu’ils étaient outres, mécontens contre son auteur ; que la Chambre reconnaissait qu’elle n’avait pas le droit d’admettre une accusation contre le Président d’Haïti ; qu’enfin elle jugeait que cet écrit était d’une nature offensante et séditieuse, » devait-elle lever sa séance publique, ajourner toute délibération à ce sujet pour s’en occuper à huis-clos ? Elle aurait dû, au contraire, statuer immédiatement sur cette pétition, faire ce qu’elle fit tardivement le lendemain, dans une séance extraordinaire, en adressant la pétition au Président d’Haïti par un message qu’une députation lui apporta avec cette pièce offensante et séditieuse. Mais alors les faits étaient accomplis ; la démarche dé la Chambre n’avait plus le mérite qu’elle eût pu lui donner.

Corps législatif et pouvoir politique en même temps, elle aurait dû comprendre qu’elle était dans l’obligation de concourir au maintien de la paix publique, en dénonçant sur-le-champ au pouvoir exécutif, chargé des mesures à prendre, le factieux qui avait tenté de la troubler. En déclinant ainsi son devoir constitutionnel, elle a donné lieu au Président d’Haïti et à bien des citoyens sensés de croire que, si elle n’était pas de connivençe avec le coupable, du moins elle subissait la pression de quelques-uns de ses membres qui auraient pactisé avec lui de là le déplorable événement qui survint dans l’après-midi du 30 août.

Félix Darfour assistait à cette séance publique et il entendit la lecture de sa pétition. Les débats qu’elle occasionna parmi les représentans ne l’émurent point ; il ne fut pas plus ému lorsque Saint-Martin, dit-on, indigné comme plusieurs de ses collégues, fit remarquer qu’il était présent et proposa de le faire arrêter.

On a dit aussi, à cette époque, que ce fut lui, Saint-Mar-