Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/220

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Muni de ses pouvoirs et des instructions du Président, le général Boyé quitta Haïti dans le courant de mai.

Ce général atteignit Amsterdam après une longue traversée. Le 4 juillet, il annonça sa mission à M. de Clermont-Tonnerre, en lui envoyant copie de ses pouvoirs et lui disant : que le Président d’Haïti lui ayant recommandé de tenir sa mission secrète, il ne pouvait se rendre à Paris où il était connu de bien des personnages qui n’ignoraient pas son voyage à Haïti, ni la confiance que lui accordait le Président ; mais qu’il était disposé à s’aboucher avec toute personne que le gouvernement français désignerait à cette fin, soit à Amsterdam même, soit à Bruxelles, Hambourg ou Saint-Pétersbourg, ou tout autre lieu au gré de ce gouvernement. Le ministre français ne lui répondit que le 21 juillet et accepta Bruxelles où se rendrait son envoyé, dès qu’il apprendrait la présence du général en cette ville. Huit jours après, sa lettre parvint à ce dernier qui l’informa qu’il allait partir pour s’y rendre à l’hôtel de Bellevue. Ce ne fut que le 16 août que M. Esmangart y arriva lui-même et logea dans le même hôtel. Après six jours de conférences, ils ne purent tomber d’accord.

Le général Boyé proposait la coinclusion d’un traité dont le premier article serait que : « le Roi de France, renonçant à toutes prétentions sur l’ile d’Haïti (ci-devant Saint-Domingue), reconnaîtrait tant pour lui que pour ses successeurs, la pleine et entière indépendance de la République d’Haïti. — Les navires des deux nations seraient réciproquement admis, sous leurs pavillons, dans les ports ouverts des deux Etats, excepté dans les colonies françaises où ceux d’Haïti ne pourraient aller. — Pendant cinq années consécutives, les marchandises françaises, importées à Haïti par navires français, seraient