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À ces propositions, M. Esmangart répondait : « que la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, telle qu’il la demandait, serait une humiliation pour le Roi de France ; que cette reconnaissance résulterait implicitement d’un traité conclu entre le Roi et la République, de puissance à puissance, et que le Président d’Haïti devrait se contenter de cette forme ; » et il cita à ce sujet le traité fait en 1783 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Or, l’article 1erde ce traité même justifiait la rédaction proposée par le général Boyé ; car, « S. M. B. y reconnaissait les États-Unis comme États libres, indépendans et souverains, et renonçait à toutes réclamations ou prétentions, tant pour elle que pour ses successeurs, sur le gouvernement, la propriété et les droits qu’elle pouvait avoir sur le territoire des États-Unis. »

Après cette objection, M. Esmangart proposait de placer l’article relatif à la reconnaissance de l’indépendance, à la fin du traité de commerce, en suite des conditions qui seraient stipulées. Ces conditions, c’était l’indemnité : il n’admettait pas la combinaison proposée à cet effet ; et, se retranchant derrière la proposition faite par Boyer en 1821, lors de la mission de M. Dupetit-Thouars, il demandait que l’indemnité fût autre chose, c’est-à-dire qu’elle consistât en une somme d’argent que la République s’obligerait à payer. Il fit encore des objections par rapport aux agents diplomatiques, en disant qu’il suffirait d’entretenir dans les deux pays des agents commerciaux, des consuls : le préjugé de la couleur était évidemment l’unique cause de ces objections.

    la Grande-Bretagne, dont les produits payaient 7 pour cent à l’importation depuis 1819, au lieu de 12 pour cent, en supposant que cette faveur eût été encore maintenue après le traité fait avec la France.