Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/241

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ditionnaire de 1802, mais aussi à celle des Anglais qui avaient été expulsés du sol qu’ils envahirent, à la sollicitation de ces colons. On voit par ces paroles, que le Président était aussi indigné contre le refus du gouvernement français d’entrer dans les arrangemens proposés en son nom par le général J. Boyé, que contre le gouvernement britannique qui, dans l’année 1823, avait reconnu l’indépendance nationale du Mexique, de la Colombie, de Buenos-Ayres et des autres républiques de l’Amérique méridionale, malgré ses engagemens pris avec la cour d’Espagne, de même qu’il en avait pris avec le gouvernement de la Restauration, par rapport à Haïti. En effet, au Congrès de Vérone, qui se tint à la fin de 1822, la Grande-Bretagne, représentée par le duc de Wellington, avait obtenu des autres puissances une nouvelle déclaration pour l’abolition de la traite des noirs, confirmant celles du 8 février et du 20 novembre 1815 ; mais, en même temps, elle s’opposa à une intervention armée en Espagne, que la France devait opérer, pour rétablir Ferdinand VII dans son autorité absolue. Contrariée dans ses vues politiques par rapport à la péninsule, — la France y ayant envoyé ses troupes sous les ordres du duc d’Angoulême, — la Grande-Bretagne prit alors la résolution, sous le ministère du célèbre Georges Canning, de reconnaître l’indépendance des colonies espagnoles, en se détachant, dès cette époque, de ce qu’on appelait « la Sainte-Alliance. » Pour justifier cette mesure, M. Canning disait : « que la Grande-Bretagne n’avait enfreint aucun traité, et que la reconnaissance qu’elle accordait aux nouveaux États ne décidait aucune question de droit ; » c’est-à-dire que l’Espagne restait toujours libre de faire valoir son droit sur ses colonies émancipées. Or, cette assertion n’était pas exacte, car la Grande-Bretagne