Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/256

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seulement de la part de l’Espagne contre une de ses colonies émancipées, est-ce que toutes les autres ne prêteraient pas à celle-ci leur appui ?

Ce n’était donc qu’un prétexte de la part du Vice-Président de la Colombie, quand il refusait une alliance avec Haïti, pour la secourir à son tour d’une manière quelconque, en cas qu’elle eût été attaquée par la France. Son refus entraînait la restitution de la valeur des objets fournis par la République d’Haïti ; Boyer eut donc raison de la faire demander[1].


Le 8 juillet, le Président d’Haïti promulgua une loi rendue par le corps législatif, peu de jours auparavant : cette loi réglait le droit de propriété dans les départemens de l’Est, d’après les principes constitutifs de la République et suivant l’esprit du rapport ou opinion de la commission qui avait été nommée en 1822, pour examiner les diverses questions relatives aux différentes natures de propriétés dans cette partie de l’État. La loi fixait et réglait en même temps le sort du haut clergé et des quelques religieuses de Santo-Domingo, en leur attribuant dès appointemens annuels, payables cependant tous les mois, à la charge du trésor public.

Se fondant sur ce principe : — « que d’après le pacte social des Haïtiens, le droit de propriété est inséparable de la qualité de citoyen ; » — ensuite : « qu’il importait de détruire toutes les traces de la féodalité dans cette portion de l’île, afin que ses habitans, heureux sous les auspices des principes libéraux, perdent jusqu’au souve-

  1. À son retour de cette mission, Chanlatte fut élu sénateur, le 14 janvier 1825, en remplacement du colonel Hogu. — Le 2 janvier 1825, le général Santander rendit compte de cette mission au congrès colombien, réuni à Bogota.