Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/28

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trouvant là avec lui, le général Francisque ne put maîtriser la rébellion, dont il ne fut pas même averti au moment où elle allait se consommer. Renfermé dans sa maison avec ses aides de camp, quelques autres officiers fidèles et ses guides, il subit l’influence de son entourage, qui le porta à proposer aux rebelles de les laisser s’embarquer pour se rendre au Port-au-Prince, ce qui fut accepté ; et ils partirent, laissant la ville au pillage de la soldatesque et des campagnards, que les chefs révoltés ne purent plus diriger, parce qu’ils pillaient aussi[1].

Au Cap-Haïtien, dès le 25 février, le général Magny avait opéré l’arrestation du général Richard, du colonel Henry Cimetière, et du capitaine Dominique, des carabiniers de la garde. Il les fit embarquer sur un garde-côtes de l’État qui les amena au Port-au-Prince ; une dénonciation formelle de conspiration contre la sûreté intérieure de la République fut adressée au Président d’Haïti contre eux. Aussitôt leur arrivée en cette ville, le 1er mars, un conseil militaire spécial, présidé par le général de division Gédéon, fut formé pour juger Jean-Pierre Richard, et l’instruction du procès commença : les autres et Belzunce, envoyés de Saint-Marc, furent traduits par-devant la commisson militaire permanente, présidée par le colonel Aquerre. Les quatre accusés furent condamnés à la peine de mort, dans la journée du 4 mars, et exécutés le lendemain[2].

  1. En arrivant au Port-au-Prince, le brave Francisque, toujours influencé par son entourage, se rendit immédiatement avec ses officiers à l’église, pour prier et remercier Dieu de les avoir sauvés de la mort : il n’alla auprès de Boyer qu’après avoir rempli cet acte de dévotion. Le Président d’Haïti fut excessivement irrité de ce fait ; il jugea avec raison que le devoir du militaire passait avant celui du chrétien en une telle circonstance ; et Francisque, disgracié, dut se retirer aux Cayes, après avoir entendu des paroles sévères du chef de l’État.
  2. Richard montra une faiblesse inconcevable, en allant au supplice ; il fallut le faire soutenir par deux hommes pour l’y conduire. Il avait été cependant un brave militaire à la guerre !