Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/285

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Les négociateurs haïtiens refusèrent péremptoirement d’y adhérer, en disant au ministre français : que si Haïti avait pu conquérir son indépendance, elle saurait aussi la défendre contre n’importe quelle puissance qui viendrait l’attaquer, et d’autant mieux que son unité politique et territoriale la rendait aujourd’hui plus forte que jamais. M. de Clermont-Tonnerre essaya toutefois de les convaincre de la nécessité de cette clause, de même qu’à l’égard de la distinction établie entre les deux anciennes colonies de l’île. Mais les voyant persister à refuser d’adhérer à l’une et l’autre chose, il leur proposa que l’un d’eux allât à Haïti pour soumettre ces difficultés à Boyer : ce qui pourrait permettre la continuation de la négociation au retour de celui-là. Cette proposition fut encore déclinée par MM. Larose et Rouanez ; et alors le ministre ferma la conférence, en leur disant qu’il prendrait l’avis du conseil des ministres et qu’il leur communiquerait la décision qui serait prise. Le 3 août, ils reçurent de M. Esmangart une lettre qui leur faisait savoir que, d’après leur conférence avec le ministre de la marine, il était prouvé « qu’ils n’avaient pas de pouvoirs suffisans pour accepter les conditions que le Roi de France mettait dans le projet d’ordonnance dont ils avaient eu connaissance, et qu’ainsi la négociation ne pouvait plus être continuée. »

C’était leur offrir leurs passeports, comme Pétion l’avait fait envers MM. de Fontanges et Esmangart, par sa lettre

    bre des députés, il a dit : « On leur lut (aux envoyés haïtiens) l’ordonnance royale telle qu’elle a paru depuis, quant à la forme, moins étendue, quant à la concession d’indépendance… » Mais, dans leur rapport au Président, du 5 octobre, les envoyés n’ont pas dit avoir entendu la lecture de cette ordonnance dont la forme les aurait choqués aussi bien que la réserve qu’on voulait y insérer ; elle n’était pas « telle qu’ils la désiraient » et que leur prescrivaient les instructions du Président : ces instructions voulaient « une reconnaissance, et non pas une concession de l’indépendance. » Si l’assertion de M. de Villèle était exacte, le rapport des envoyés eût fait nécessairement mention de cette particularité.