Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/287

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il invita les sénateurs présens à la capitale ou dans ses environs de venir au palais de la présidence, le 8 octobre dans la matinée, afin de conférer avec lui sur un objet qui importait à l’intérêt national. Nous ne pouvons dire ce qui fut traité dans cette séance à huis-clos ; mais il paraîtrait que les opinions émises individuellement par les sénateurs, pour ainsi dire en famille, ne semblèrent pas satisfaire le Président. Alors, il prit la voie constitutionnelle en adressant au Sénat le message suivant :

xxx« Au Sénat.

Pour satisfaire au besoin de mon cœur et continuer à mettre à profit les lumières des membres du premier corps de l’État, je vous adresse ce message, citoyens sénateurs, à l’effet d’avoir votre opinion motivée sur ce que, d’après le non-succès de la mission dont étaient chargés les citoyens Larose et Rouanez, il serait convenable d’adopter, eu égard à la France, et même relativement aux autres puissances qui, jusqu’à ce jour, persistent dans leur refus de reconnaître l’indépendance de la République.

Vous avez été informés avec soin des ouvertures récidivées que des agents du gouvernement français m’avaient faites pour conclure un traité dont cette reconnaissance devait être la base ; par les communications franches que je vous ai données de toutes les pièces relatives à cette négociation, vous devez avoir acquis une nouvelle preuve de ma franchise, comme je crois avoir le droit, en retour, d’obtenir de votre part, le témoignage d’une réciproque sincérité. Ainsi, je réclame de votre patriotisme, en vertu de l’article 121 de la constitution, de méditer sérieusement sur le grand objet dont s’agit, et de me faire connaître par votre réponse, le résultat de votre expérience et de vos lumières.