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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/292

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tions avec la France et sur l’éventualité qui pouvait s’en suivre[1]. Ils retournèrent immédiatement après à leurs commandemens respectifs, pour solenniser avec pompe la fête de l’indépendance ; et sous l’inspiration des idées et des sentimens que cette fête réveilla dans toutes les âmes, une nouvelle résolution fut prise de combattre jusqu’à extinction, s’il le fallait, pour maintenir l’existence politique de la nation.


Malgré cette attitude belliqueuse du pays durant toute l’année 1824, le gouvernement, qui l’avait provoquée par des actes, n’agissait pas moins comme si sa sécurité ne dut point être troublée par une agression étrangère. Il entreprit de faciliter l’immigration, dans toute l’étendue du territoire de la République, d’une population à laquelle les Haïtiens devaient s’intéresser, à cause de l’état de dégradation où elle végétait dans son pays natal et du sang africain qui coule dans ses veines : nous voulons parler des noirs et mulâtres libres habitant les États du Nord de la confédération américaine.

On sait que vers 1819, quelques vrais philanthropes de ce pays, affligés de l’humiliation dont les préjugés accablent ces hommes, même dans les États du Nord où l’esclavage a été aboli, conçurent l’idée de leur chercher un lieu de refuge qui deviendrait leur patrie, dans laquelle ils pourraient jouir de tous leurs droits naturels et civils, et

  1. Il paraît qu’ayant convoqué, en octobre, les sénateurs à venir conférer avec lui, Boyer reconnut l’inconvenient de la construction du palais du présidence, où ne se trouvait pas une seule salle pour discuter et délibérer à huis-clos sur des affaires publiques importantes ; dès lors, il fit construire dans le jardin du palais, un pavillon léger, en bois, dont l’isolement permettait de semblables réunions. C’est là que le Président réunit tous les généraux mandés à la capitale. Cette espèce de mystère dans leurs délibérations prêta beaucoup à des inductions fort erronées.