Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/308

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Au fond, il n’y avait pas justice à lui imputer ce qui ne dépendait pas de lui, puisque, étant seul chargé de l’opération, il avait dû se faire assister de gens qui ne se pénétrèrent point de l’esprit de ses instructions, qui envoyèrent à Haïti la portion la plus dégradée des noirs et mulâtres libres des États de l’Union, et qui furent cause de dépenses considérables et onéreuses à la République, puisque la plupart de ces hommes retournèrent spontanément dans ces États pour y végéter de nouveau.

À propos de ces dépenses, il est peut-être convenable de mentionner ici les différences qu’offrirent les comptes généraux de la République dans les années 1823 et 1824.

La première avait produit, à l’exportation, 33,600,000 livres de café ; 224,000 livres de coton ; 332,000 livres de cacao ; 365,000 livres de tabac ; 6,531,000 livres de campèche ; 2,223,000 pieds réduits d’acajou ; 15,000 livres de sucre, (pour ne citer que les principaux produits), le tout en chiffres ronds.

1824 donna à l’exportation, 44, 270, 000 livres de café ; 1,028,000 livres de coton ; 461,000 livres de cacao ; 718,000 livres de tabac ; 5,567,000 livres de campêche ; 2,181,000 pieds d’acajou ; et seulement 4,000 livres de sucre, le pays ne produisant plus de cette denrée que pour la consommation intérieure[1]. On voit néanmoins que les récoltes furent belles en 1824.

    sion de chef des bureaux de la guerre à la secrétairerie générale. Ainsi que d’autres personnes, il imputa au général Inginac d’avoir excité Boyer contre lui, parce que le secrétaire général aurait été jaloux, croyait-on, de la faveur que lui faisait le Président, de travailler directement avec lui pour les affaires du département de la guerre. Ce déplorable incident produisit, quelques années après, une suite de fâcheuses dispositions d’esprit dans la capitale et dont on verra les tristes conséquences.

  1. On n’a jamais pu constater exactement la quantité de sucre brut consommé à l’intérieur du pays, parce que la perception de l’impôt établi dans ce cas sur cette denrée a toujours été défectueuse. Sous le régime de Christophe, c’étaient surtout le sucre et le coton