Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait, nous brisâmes pour l’éternité nos odieuses chaînes, en proclamant à l’univers ce que nous avions le droit d’être ; ce que nous sommes, ce que nous serons, — libres, indépendans.

En nous félicitant de la tranquillité parfaite dont nous jouissons, en nous enorgueillissant de l’attitude imposante dans laquelle est placée la République, nous aimons à rendre, dans cette auguste assemblée, un hommage éclatant aux soins que votre infatigable activité ne cesse de porter dans l’administration des affaires publiques, et aux prudentes mesures qui assurent le salut de l’État… »

Si ces paroles d’un orateur réellement éclairé font autant d’éloges de Boyer, que celles consignées dans l’adresse de la Chambre au peuple, à la fin de la session de 1824, et dont son président, Hérard Dumesle fut le rédacteur, qu’on ne croie pas qu’elles étaient l’expression d’une flatterie déplacée de leur part ; car à cette époque, Boyer les méritait et les obtenait de toutes les bouches, et l’on peut dire qu’alors il était à l’apogée de sa fortune politique, de sa puissance sur l’opinion publique, même de la gloire de son gouvernement.

Pour tous les chefs qui dirigent les affaires de leur pays, il est un temps semblable où chacun se plaît à leur décerner la palme qu’ils ont su mériter par leurs travaux, ou guerriers ou pacifiques.

Depuis bientôt sept années que Boyer gouvernait la République, son administration éclairée et modérée avait constamment marché de succès en succès.

L’ordre mis dans les finances de l’État, la discipline maintenue dans l’armée, lui avaient permis de pacifier le beau quartier de la Grande-Anse et de procurer une sécurité parfaite au département du Sud.