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son opinion était de ne pas s’occuper de la révision de la constitution, à cause de l’état des relations extérieures du pays, » adoptant ainsi le principal motif énoncé dans le message présidentiel, pour ajourner cette révision. Cette délibération eut lieu à huis-clos et dut rester secrète entre les deux pouvoirs, — autant du moins que des affaires d’État peuvent l’être en Haïti.

À partir de cette époque, il n’y eut plus de correspondance officielle entre le Sénat et le président Boyer, touchant la révision de la constitution de 1816 ; les deux pouvoirs furent d’accord pour la laisser telle quelle, soit pour le même motif, soit à cause des progrès incessans de l’Opposition qui se manifestait dans le pays contre le gouvernement de ce chef.

Le motif qu’il allègua dans son message ci-dessus avait certainement quelque chose de fondé, après les infructueuses démarches faites par le pouvoir exécutif, en 1823 et 1824, pour obtenir de la France la consécration de l’indépendance nationale par une reconnaissance formelle. Le résultat de ces démarches et tous les actes publiés en 1824 avaient surexcité l’opinion publique en Haïti, et cependant tout faisait penser, qu’à l’exemple tracé par la Grande-Bretagne envers les colonies espagnoles émancipées, la France ne pouvait guère tarder de se prononcer aussi à l’égard d’Haïti ; il fallait donc attendre pour voir à quoi elle se déciderait. Quelle que dût être sa résolution, cette résolution devait influer sur celle de la Grande-Bretagne et des autres puissances étrangères envers la République.

Dans une telle situation, avec l’animation qui existait à l’intérieur, avec les idées manifestées par le Sénat lui-même en 1821, et qui était une suggestion de l’esprit de résistance du Nord, — idées subsistantes encore dans ce départe-