Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/353

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À son tour, M. de Mackau dut lui répondre de manière à le persuader d’accepter cette ordonnance, à convaincre son esprit, en y détruisant ce qu’il considérait comme des préventions de la part du Président. Cet officier parla lui-même avec toute la fermeté de sa propre conviction ; il mit dans son langage les expressions les plus convenables au but qu’il voulait atteindre, et les formes les plus séduisantes pour un chef d’État du caractère de Boyer, dont il appréciait d’ailleurs l’incontestable dignité. Il lui dit que, n’étant que porteur de l’ordonnance royale, et ne pouvant y rien changer parce qu’il n’avait pas les pouvoirs d’un négociateur, il lui offrait, néanmoins, de résumer ses propres argumens dans des explications écrites, sur les motifs de cet acte souverain et sur le sens des dispositions qu’il contenait.

À l’égard du chiffre de 150 millions de francs stipulé en faveur des colons, il lui fit espérer qu’une réduction notable pourrait y être faite, si le Président voulait adresser une lettre à Charles X, et se confier à la loyauté de ce monarque, quand il enverrait en France des agents chargés de conclure un traité de commerce, en conséquence de l’acceptation de l’ordonnance.

Ce premier entretien s’arrêta là, le Président demandant à réfléchir sur l’offre faite par M. de Mackau, d’explications écrites ; et il fut convenu que cet officier reviendrait au palais le lendemain, 6 juillet, dans la soirée ; ce qui eut lieu. Il trouva Boyer encore indécis ; et reprenant ses argumens de la veille, il ajouta qu’il éprouvait une véritable peine à lui déclarer, comme il l’avait fait aux commissaires, qu’une autre mission lui était imposée par le gouvernement français, en cas que l’ordonnance royale ne fût pas acceptée : c’était d’employer des moyens coercitifs contre Haïti, avec