Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/318

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résultat du regret éprouvé par cette ancienne métropole, de la perte d’un pays qui l’avait enrichie par ses produits, qui entretenait entre elle et lui un grand commerce, une navigation considérable ? Non ! Elles furent occasionnées par les préjugés nés du système colonial fondé par l’Europe en Amérique. C’est que la race noire qui dominait à Haïti, qui en avait exclu les hommes de la race blanche, ne paraissait pas digne des mêmes avantages dont jouissaient les habitans des colonies émancipées dans les mêmes contrées. Les États-Unis de l’Amérique septentrionale, à peine constitués indépendans de la Grande-Bretagne, avaient vu toutes les puissances européennes s’empresser de reconnaître leur existence politique. Il en fut de même des États formés dans l’Amérique méridionale, bien que leur indépendance de l’Espagne eût pris naissance après celle d’Haïti, et que la plupart d’entre eux n’avaient pas une situation aussi régulière et consolidée par des institutions civiles el politiques, qui la portèrent à marcher constamment dans les voies tracées par le droit des gens.

Quoi qu’il en soit, le ministère français présidé par M. le comte Molé, choisit M. le baron E. de Las Cases, membre de la chambre des députés, et M. C. Baudin, capitaine de vaisseau, pour venir à Haïti en qualité de plénipotentiaires de Sa Majesté Louis-Philippe, Roi des Français, afin de régler et terminer toutes les questions pendantes depuis si longtemps entre la France et la République. Partis de Brest le 29 novembre 1837 sur la frégate la Néréide, ils s’arrêtèrent quelques semaines à la Martinique où ils prirent connaissance de la proclamation du Président d’Haïti, du 22 octobre, et des messages échangés entre lui et le Sénat, publiés sur le Télégraphe du 12 no-