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ment déchargé avait été trouvé sur le terrain de Monrepos, dans la matinée du 2 ; c’était celui dont Raymond s’était servi pour perpétrer le crime : il fut reconnu pour avoir appartenu à Cadet Corvel, ancien gérant de cette habitation. Après l’audition de Candiau, il fut mis en liberté comme révélateur et devant être témoin. D’autres arrestations eurent lieu ensuite à la capitale, des individus reconnus complices de la conspiration.

Dans l’intervalle, Etienne Manga, rendu à la section du Beauséjour dont la compagnie de garde nationale était sous son commandement, réunit les hommes de cette compagnie en armes et se porta au fort Campan, en leur disant d’abord qu’il fallait le garder pour le gouvernement, attendu qu’il y avait un soulèvement au Port-au-Prince[1]. Mais une fois en possession de ce fort, il leur déclara qu’il y avait lieu de seconder le soulèvement pour renverser Boyer dont l’administration était contraire à la prospérité du peuple, ce que la Chambre des communes avait constaté, etc. Raymond, Desfontaines et Michel Abraham, qui, après l’assassinat du général Inginac, s’étaient promptement rendus auprès d’Etienne Manga, appuyèrent la proposition de ce dernier. Mais à ces mots, les gardes nationaux imitèrent la conduite des citoyens de Milot, l’année précédente, lors de la révolte du colonel Izidor Gabriel ; ils abandonnèrent successivement leur capitaine. Raymond et

  1. Dans ses Mémoires de 1843, pages 94 et 95, Inginac dit que dès le mois de mars, il avait été informé qu’un complot s’ourdissait ; qu’à une revue de la garde nationale de la commune de Léogane, passée le 1er avril, il avait parlé aux citoyens pour les prémunir contre cette tentative de troubles, et qu’Etienne Manga lui-même le félicita des paroles qu’il avait prononcées, etc.

    Etienne Manga se voyait sur le point de perdre sa petite propriété, pour avoir emprunté une somme et passé une vente à réméré de ce bien, en garantie du payement. Les conspirations ont souvent pour cause le mauvais état des affaires d’un homme.