Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/122

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les causes de leur insurrection ; ce n’est ni pour eux ni d’eux-mêmes qu’ils se révoltent : ils ne font que céder à des impulsions étrangères. Leurs agitateurs, leurs meneurs n’ont rien de commun avec le sang africain : ce sont des Français, fils de Français, citoyens de Saint-Domingue, qui ont voulu que la colonie fût détruite, ou que du moins elle cessât d’exister pour la France ; ce sont eux qui, après avoir excité la guerre des gens de couleur, pour faire égorger les hommes libres les uns par les autres, ont armé les esclaves contre les hommes libres pour achever d’exterminer à Saint-Domingue toutes les ramifications, toutes les nuances de la race européenne[1]. Veut-on encore des preuves de cette vérité depuis longtemps reconnue ? Il n’a fallu que la fuite de Borel et de sa horde pour ramener au devoir les esclaves insurgés de la Croix-des-Bouquets. C’est donc sur des têtes libres qu’il faut frapper, si l’on veut faire cesser les insurrections des esclaves. Mais comment est-il si facile aujourd’hui de faire circuler et adopter des projets de révolte dans les ateliers ? C’est que les ateliers sont mal surveillés, mat contenus ; c’est que les esclaves sont traités avec inhumanité ; c’est qu’on n’exécute ni les lois qui obligent les propriétaires à tenir sur leurs ateliers un nombre de surveillans proportionné à celui des esclaves, ni celles qui ont pourvu au bon traitement des esclaves.

Pour remédier à ces abus, nous n’avons pas besoin de faire de nouvelles lois sur le sort des esclaves, mais seulement de rappeler et de faire exécuter sévèrement les lois qui existent sur cette matière. »

  1. Hélas ! que fera-t-on encore en 1799 et 1800 ?