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ses officiers, et mit l’ex-gouverneui’général aux arrêts. Les mêmes matelots qu’il avait égarés, épouvantés de leurs crimes par leur insuccès, secondèrent cette mesure. Mais bientôt, en arrivant aux États-Unis, Galbaud parvint encore à les entraîner dans une nouvelle rébellion contre Cambis qui fut contraint d’abandonner son vaisseau pour se réfugier à terre chez le consul de France. Ses matelots l’y poursuivirent à main armée, et il reçut un coup de sabre à la main.

Il ne resta sur la rade du Cap que le vaisseau l’América[1] dont l’équipage n’avait pas pris part à la révolte ; la frégate la Fine qui ne pouvait tenir la mer, et deux goëlettes de l’État, la Républicaine et la Convention nationale. Ainsi, au moment où la guerre existait entre la France et la Grande-Bretagne, les commissaires civils n’avaient plus à leur disposition aucune force maritime pour s’opposer aux entreprises des Anglais. La France ne pouvait plus leur en envoyer pour protéger sa colonie. Mais Polvérel et Sonthonax trouvèrent dans leur énergique patriotisme le moyen d’armer des corsaires qui firent un tort considérable au commerce britannique et espagnol dans la mer des Antilles : des marins de toutes couleurs montèrent sur ces corsaires et firent des prodiges de valeur, en capturant même des corvettes de guerre pendant l’occupation anglaise[2].

Le 13 juin, en destituant Galbaud de ses fonctions de gouverneur général, les commissaires civils avaient chargé provisoirement le général Laveaux de ces fonc-

  1. Ce vaisseau, envoyé peu après en croisière sur les côtes par les commissaires civils, partit de lui-même pour les États-Unis d’où il se rendit en France.
  2. Nous avons ouï dire que Bijou Moline et son ami H, Christophe avaient armé un corsaire.