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naissance de tout ce qui en est, et j’espère qu’il me rendra justice.

Oui, Monseigneur, je vous le répète : j’ai prêté serment devant Dieu et les hommes, d’être fidèle à mon Roi et à vous, Monseigneur, qui êtes son représentant, et je ne départirai jamais de ces principes. Je suis inébranlable, et ferme comme un rocher ; et rien au monde n’est dans le cas d’altérer de la moindre chose ma religion ; et malgré que je sois continuellement persécuté par les méchans, j’endure tout avec constance et patience, pour les souffrances que Notre Seigneur Jésus-Christ a souffertes pour nous.

J’ai eu l’honneur de vous adresser une lettre, ensemble avec une relation (celle du 20 mars) par laquelle je réponds à toutes les récriminations, accusations et calomnies que le général Biassou a répandues sur mon compte. Tous les faits que j’avance dans ladite relation, sont connus de messieurs les commandans généraux, et j’espère, Monseigneur, qu’une fois que vous aurez pris connaissance de tout ce que j’ai eu l’honneur de vous exposer, que vous daignerez m’accorder la justice que je réclame de votre équité. Je ne m’étendrai pas plus loin, crainte de vous ennuyer par un trop long récit ; et je finis, Monseigneur, en vous assurant de mon aveugle obéissance, et entière soumission à vos ordres et ceux de vos représentans, et soyez persuadé que je suis toujours décidé à répandre jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour soutenir la cause de Dieu et de mon Roi.

Je prie Notre Seigneur qu’il vous ait dans sa sainte garde, et qu’il veuille prolonger vos jours.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect,

Monseigneur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Toussaint Louverture.

Marmelade, le 27 mars 1794.


Cette seconde lettre, à laquelle nous n’avons rien retranché, nous instruit fort bien de la position de Toussaint, au 27 mars. Si, le 20, il était à Saint-Raphaël, attendant Biassou depuis douze jours, pour leur réconciliation devant Don Cabrera ; s’il y resta quatorze jours dans une vaine attente, il aura donc quitté Saint-Raphaël le 22, pour se porter à la Marmelade, où il a dû se rendre,