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Ils étaient tous deux à Bizoton, le 9 février 1794, jour de l’entrée d’Halaou et de ses bandes au Port-au-Prince. Marc Borno donna l’ordre à Borgella de le suivre en ville, en lui disant simplement qu’il s’y passait des choses dont il voulait avoir une connaissance entière. Quand ce commandant se fut entendu avec Pinchinat et Montbrun, il laissa encore ignorer à Borgella le but de son voyage à la Croix-des-Bouquets. En ce temps-là, un jeune homme comme lui eût cru manquer de respect et de subordination à son chef, en cherchant à pénétrer ses desseins. Il fallait courir à franc étrier à la Croix-des-Bouquets, Borgella l’y suivit. Ce n’est que là qu’il connut le motif et le but de ce voyage, en entendant Marc Borno ordonner le meurtre d’Halaou. Nous avons déjà jugé ce fait regrettable.

La juste fureur éprouvée par ces bandes fanatisées, ne laissait d’autre alternative que d’être vaincu par elles ou de les chasser de la Croix-des-Bouquets : ce dernier parti l’emporta. Un de leurs chefs, d’une stature semblable à celle d’Halaou, se retirait courageusement, armé d’un fusil : il se nommait Jean Piment. Borgella le poursuivit, ayant auprès de lui Cochin, sous-officier de sa compagnie, et le cavalier Laurent Joly. Mais Piment s’arrête tout à coup et décharge son arme à brûle-pourpoint sur Borgella, que la balle n’atteint pas : cependant, la poudre enflammée l’a tellement aveuglé, qu’il allait tomber victime de Piment, qui se sert de son fusil comme d’une massue. En ce moment, Cochin, pour dégager son lieutenant, veut décharger son pistolet sur Piment ; mais le pistolet a raté. Piment le renverse de son cheval, en lui assénant un coup de la crosse ; il revint sur Borgella, qu’il allait également as-