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adhéra à cette résolution, et rendit à cet effet un arrêté en date du 21 pluviôse. Rigaud resta encore au Port-au-Prince jusqu’au 12 février, où il partit pour se rendre dans le Sud. Ainsi, il n’est pas vrai, comme l’avance Kerverseau, qu’il partit brusquement.

En passant au Grand-Goave, il le fît évacuer par le commandant Laferté. Arrivé au Petit-Goave, le 13 février, il y reçut des dépêches qui lui mandaient qu’une insurrection avait éclaté au Corail. Dans la nuit même où il reçut cet avis, il en informa Roume. Les révoltés étaient des soldats de la 4e demi-brigade commandée par Geffrard, et des cultivateurs du lieu : ils avaient arrêté ce colonel et le chef de bataillon Jean-Louis Compas. Mais le colonel Dartiguenave, commandant à Jérémie, et d’autres officiers des environs, ayant fait marcher des troupes contre le Corail, Geffrard, Compas et d’autres officiers qui étaient détenus avec eux, furent remis en liberté, et la révolte fut éteinte.

« Le commandant Dartiguenave, dit Rigaud à Roume, me marque que le pavillon anglais a été un moment arboré, mais que quelques révoltés, toujours français, l’avaient mis en lambeaux et avaient juré, quoique en état de révolte, toujours fidélité à la France. Cette révolte, m’écrit-on, qui ne paraît que l’effervescence d’un peuple ignorant, prenait sa source dans de grands projets des ennemis de la République. En effet, est-il possible que des noirs, qui ont combattu sous mes ordres depuis neuf ans pour la cause sacrée de la liberté, aient voulu retourner esclaves, aient arboré le pavillon anglais de leur propre volonté ? Non. Quelques conspirateurs sont arrêtés et seront interrogés … Je vous instruirai plus amplement lorsque je serai sur les lieux. »