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de division, à raison de sa bonne conduite ; mais que cette nomination fut secrète jusqu’à la prise de possession de la partie espagnole où il la rendit publique, d’après la manière digne d’éloges avec laquelle il s’était conduit dans cette circonstance. Il lui déclara avoir élevé Dessalines au même grade, immédiatement après la pacification du Sud.

Relativement à Moïse, il mentait impunément : les opinions de son neveu sur la guerre civile et les ménagemens dont il avait usé envers des hommes de couleur dans le Nord, avaient mécontenté T. Louverture au point qu’il éleva Dessalines seul à ce grade divisionnaire. Mais, après la prise de possession de l’Est, il ne pouvait plus refuser le même grade à Moïse, sans paraître injuste aux yeux de l’armée. Voilà la cause de sa promotion faite à Santo-Domingo.

T. Louverture dit ensuite au Premier Consul, qu’il avait nommé aussi, au grade de général de brigade, Maurepas, H. Christophe, Paul Louverture, Charles Bélair et D’Hébécourt, en ajoutant un mot d’éloges pour chacun d’eux. H. Christophe était loué par lui, pour avoir préservé le Cap et les blancs de la fureur des partisans de Rigaud. Il aurait pu ajouter, — pour les avoir fait tuer avec plus de zèle qu’aucun autre de ses officiers. Enfin, il s’excusait de l’élévation de Charles Bélair, malgré son jeune âge, à cause de son mérite : cet officier avait alors 23 ans.

Chose singulière ! presque en même temps, le 17 pluviôse an 9 (6 février), le Premier Consul rendait un arrêté par lequel il nommait T. Louverture, capitaine-général de la partie française de Saint-Domingue. Mais nous ignorons si cet acte lui fut adressé.