Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/388

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tion au gouvernement français, et partit pour la France. Il a fait savoir aussi, qu’avant de quitter le Cap, il remit à H. Christophe une lettre adressée à T. Louverture : elle était décachetée, et à la lecture qu’il en fit à Christophe, ce dernier lui aurait dit : « Commandant Vincent, vous êtes le seul Européen qui aimez réellement les hommes de Saint-Domingue. Vous nous avez toujours dit la vérité. Le projet de constitution a été rédigé par nos ennemis les plus dangereux.  » Il résulte de ces paroles, que Christophe voyait avec regret, comme Moïse, que T. Louverture était trop placé sous l’influence des colons ; et que, de plus, Christophe était attaché à la France, dont il voyait les droits méconnus par cet acte.

Vincent était porteur d’une lettre de T. Louverture, du 16 juillet, adressée directement au Premier Consul. Il lui rappelait qu’il avait envoyé au ministre de la marine sa proclamation du 16 pluviôse, qui convoquait l’assemblée centrale, en l’informant de la prise de possession de la partie espagnole et de la situation politique de la colonie ; qu’il lui avait fait savoir que le but de cette assemblée était de fixer les destinées de ce pays par des lois sages, calquées sur les localités et les mœurs de ses habitans.

« J’ai aujourd’hui, poursuivait-il, la satisfaction de vous annoncer que la dernière main vient d’être portée à cet ouvrage, et qu’il en résulte une constitution qui promet le bonheur aux habitans de cette colonie si longtemps infortunée. Je m’empresse de vous l’adresser pour avoir votre approbation et la sanction de mon gouvernement. L’assemblée centrale m’ayant requis, en l’absence des lois, et vu la nécessité de faire succéder leur règne à celui de l’anarchie, de faire exécuter provisoirement cette