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les lieux soumis à T. Louverture. Alors seulement, on sut l’approbation donnée par le gouvernement français au général en chef, pour sa conduite envers Hédouville.

Le lendemain, 3 juillet, Roume émit une longue proclamation où il faisait les éloges les plus pompeux de l’administration de T. Louverture, de sa sollicitude pour le bonheur de Saint-Domingue. Il commença par ordonner la levée en masse des cultivateurs pour punir Rigaud, rebelle à l’autorité de la grande nation. C’était faire un appel aux noirs contre les anciens libres. Pour mieux démontrer la culpabilité de Rigaud, il rappela sa conduite dans l’affaire de la délégation aux Cayes, en août 1796 : le dénonciateur de Rigaud, à Santo-Domingo, trouvait plaisir à rappeler ces faits[1]. Il rappela encore ce qui s’était passé aux conférences du Port-au-Prince ; il paria de son arrêté du 21 pluviôse ; et, tout en convenant que Rigaud remit à Laplume le Petit-Goave et le Grand-Goave, il lui reprocha d’avoir fait enlever dans ces deux places des objets qu’il devait livrer. Il continua ainsi :

« Aussitôt après, ou peut-être même avant le départ de Rigaud (du Port-au-Prince), le général en chef fut averti que des citoyens de couleur, qui se disaient les amis et les agens de Rigaud, parcouraient la ville et provoquaient des associations contre le général en chef. Ce dernier général, dans l’intention d’effrayer les factieux, sans employer des mesures rigoureuses, convoqua les habitans du Port-Républicain, leur dévoila le complot et menaça d’en punir les auteurs. Cette démarche, dictée par l’hu-

  1. T. Louverture en avait justifié Rigaud, en accusant Desfourneaux de les avoir provoques. Voyez son rapport au Directoire exécutif, dans le 3e volume, après le départ d’Hédouville.