Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/176

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avait déjà examiné presque tous les titres de propriétés, afin de pouvoir envoyer en possession ces propriétaires, et d’annuler les ventes ou donations faites depuis la prise d’armes de l’armée indigène. Maintenant, la nouvelle loi revenait sur cette opération, quelle que fût l’autorité légalement constituée qui avait prononcé sur cet envoi en possession ; les propriétaires étaient tenus de justifier de nouveau de leurs titres, car propriétaires ou enfans nés hors mariage, c’était tout un, la plupart des citoyens étant des enfans naturels : leurs droits ne pouvaient être confirmés et maintenus, qu’autant qu’ils seraient nantis de testamens en forme.

Probablement, l’empereur avait reconnu que la corruption ou la négligence de certains fonctionnaires avaient transigé sur les droits du domaine public, et que des propriétés de colons avaient ainsi passé aux mains de personnes n’ayant pas qualité pour les posséder. Mais, en exigeant une nouvelle justification de titres pardevant le ministre des finances, incapable par lui-même de rien apprécier sur cette matière, c’était renvoyer les propriétaires pardevant Vastey, le chef de cette corruption dont nous parlons ; c’était lui donner la faculté d’imposer arbitrairement des pots de vin aux propriétaires, même fondés à réclamation par leurs titres. Une telle opération occasionnait nécessairement des tracasseries, des transports, des voyages, des frais pour arriver aux Gonaïves, où résidait le ministre : de là du mécontentement contre un gouvernement qui n’avait pas confiance même dans ses administrateurs, qui revenait sur ce qu’ils avaient fait. Et que d’anciens propriétaires, toujours en possession de leurs biens sous le régime colonial et sous tous les gouvernemens qui avaient succédé à ce régime, se