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céder en temps et lieu au vœu du peuple, pour prendre le titre de Roi ; mais en commençant par substituer la qualification de Monseigneur à celle de Son Excellence. Sous ce rapport, il ne fut pas plus coupable que certains chefs d’État dans d’autres pays ; on en a vu qui ont procédé de la même manière, ou à peu près.

La publication de cet acte eut lieu avec pompe : salves d’artillerie, discours, cérémonies religieuses, banquet splendide, rien n’y manqua[1]

Les proclamations suivirent les discours : l’une d’elles, du 19 février, mit hors la loi Pétion, Gérin, et leurs complices dans leurs complots et révolte contre l’autorité légitime, en offrant amnistie, oubli du passe à tous ceux qui n’y auraient point trempé et qui se rallieraient à cette autorité. C’était répondre aux actes du Sénat ayant le même objet en vue.

Une loi du 25 février divisa le territoire de l’île entière d’Haïti, avec ses petites îles adjacentes, en cinq provinces au lieu des six divisions militaires de 1805, et les provinces en arrondissemens. Chacune était commandée par un lieutenant-général, et chaque arrondissement par un maréchal de camp. Les formes monarchiques apparaissaient dans cette seule dénomination des généraux, comme dans les provinces au lieu de départemens, dans les surintendans généraux au lieu de secrétaires d’État ou ministres.

Arrêtons-nous à ces actes d’organisation. Dans les chapitres suivans, on verra la suite de ceux du Sénat républicain, la nomination de Pétion comme Président d’Haïti, la continuation de la guerre civile jusqu’en 1812.

  1. Voyez l’Hist. d’Haïti, t. 3, p. 402 à 404.