Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/162

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et du peuple, contre les manœuvres du gouvernement français.

Depuis longtemps, Garbage était affecté d’une phthisie pulmonaire qui exigeait les plus grands soins : en acceptant cette mission dans la température humide de l’Angleterre, il se dévouait à une mort certaine dans l’espoir d’être utile à son pays. L’hiver survenant, il fut retenu au lit à Pentonville, non loin de Londres, et ne put aucunement s’occuper de sa mission qui avait reçu un accueil si froid du ministre anglais. Il en avait référé à Pétion, et il dut attendre ses ordres ; d’ailleurs, il était impossible, dans sa situation, qu’il revînt en Haïti. Sur ces entrefaites, le retour de Napoléon en France vint renvoyer les Bourbons à l’étranger. Mais au 31 mai 1815, les choses prenaient une telle tournure en Europe, qu’on pouvait espérer une seconde Restauration de Louis XVIII sur le trône de ses ancêtres. En ce moment, Garbage se hasarda, quoique encore malade, et ne pouvant sortir de sa chambre ni suivre des conférences quelconques, ainsi qu’il l’avoua, à adresser à Lord Liverpool une nouvelle note, dans la pensée que les événemens survenus à Haïti et accomplis en Europe, par les actes sur l’abolition de la traite des noirs, pourraient avoir changé les vues du gouvernement britannique.

Par cette note, il proposait à Lord Liverpool, au nom du Président et de la République d Haïti, de communiquer à Louis XVIII, son intention de faire un traité avec lui, en sa qualité de Roi légitime de France, mais avec le concours de la Grande-Bretagne, comme partie accédante et médiatrice. D’après sa note, ce traité eût renfermé les clauses suivantes :

« 1° Le Roi de France reconnaîtrait l’indépendance