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l’année 1818, par tous les divers impôts qui venaient d’être remaniés et par toutes autres sources de revenus ; mais il n’y en eut pas. Or, cela devenait d’autant plus convenable, que l’état général des comptes, dressé par le secrétaire d’État et transmis à la chambre des représentais par le Président d’Haïti, reposait sur l’exercice des années 1815 et 1816 qui, toutes deux, avaient offert un déficit considérable : — 530,707 gourdes en 1815, — 403,278 gourdes en 1816 ; ce qui doit faire penser qu’il y avait pour ces deux années des effets du trésor en circulation. Eh bien ! on allait les augmenter encore par la loi rendue sur la liquidation de la dette départementale du Sud dont on ignorait la quotité. Aussi, nous l’avons déjà dit, l’année 1817 devait présenter elle-même un déficit de 308,815 gourdes.

En présence d’une telle situation financière, sur quoi donc se fondait-on pour établir un budget de dépenses dont la somme totale était le double des recettes en 1815, 1816 et même en 1817, — 1,100,000 gourdes environ dans chacune de ces années ? C’était, pour ainsi parler, opérer dans le vide.

Dans tous les cas, il y avait une grande imprudence à faire espérer à chacune des parties prenantes, d’être payée régulièrement tous les mois, des allocations qui leur étaient faites dans ce budget, — à l’armée surtout dont la chambre avait caressé l’opinion, en en parlant comme si elle était sa protectrice naturelle, puisque l’art. 58 de la constitution disait : « Elle forme et entretient l’armée. » Il est vrai que cette loi du budget disait aussi : « ces dépenses serons ; payées, sitôt que les revenus de l’État le permettront. » Mais, ordinairement, on est toujours porté à croire à cette possibilité, et à attribuer