Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/471

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des noirs ; et ce n’est pas nous qui refuserons jamais de reconnaître le choit qu’elle a à la gratitude des Haïtiens et de la race noire tout entière.

Enfin, nous résumons nos observations à l’égard de Henry Christophe, en faisant remarquer que nous avons successivement reconnu les qualités dont il était doué, et au premier rang desquelles il faut placer son énergie, son courage, sa volonté ferme, sa persévérance. L’esprit d’organisation hiérarchique dont il fit preuve aussi eût été une qualité appréciable, s’il n’était pas contraire à tous les droits conquis par le peuple haïtien avec son indépendance ; car son système aristocratique et monarchique n’était que la reproduction de l’ancien régime colonial, de même que celui établi par Toussaint Louverture. On s’était soulevé contre les privilèges des colons, on avait résisté à la France, pour jouir de la liberté et de l’égalité. Toussaint Louverture avait rétabli les colons dans leurs privilèges, et Christophe leur substitua ses nobles privilégiés en prenant lui-même le titre de Roi qui en comporte de plus grands encore, se substituant ainsi au Roi de France. Les populations soumises à ses ordres perdaient donc le fruit de la révolution. Elles perdaient encore par son système de gouvernement ; car, en expulsant les colons et en confisquant leurs biens, la justice voulait que ces biens fussent partagés entre le plus grand nombre des citoyens, et non pas entre des privilégiés, pour constituer des fiefs et des apanages. La distribution des terres faite aux officiers inférieurs, la vente générale des biens du domaine non réservés, ordonnées tardivement par Christophe, furent tout à fait insuffisantes.

S’il subit l’influence des idées traditionnelles du Nord, qui portaient à l’absolutisme, il faut reconnaître aussi