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XXIX
SUR l'EMPEREUR JULIEN.

manquer à la probitè l’abandonner comme il fit ; car il étoit convaincu que nôtre sainte religion n’étoit qu’un tissu de fables absurdes. Voici comment il s’explique à ce sujet ; Il m’a paru à propos, dit-il,[1] d’exposer à la vue de tous les hommes les raisons que j’ai eues de me persuader, que la secte des Galiléens n’est qu’une fourberie purement humaine et malicieusement inventée, qui n’aiant rien de divin, est pourtant venue à bout de seduire la partie inferieure de l’ame, et d’abuser de l’affection qu’ont les hommes pour les fables, en donnant une couleur de verité et de persuasion à des fictions prodigieuses.

Non seulement je soutiens, que Julien pensant de cette maniere ne manquoit point à la probité, en quittant le christianisme, mais j’avance hardiment qu’il auroit été criminel, si croiant cette religion mauvaise, il eut continué à la pratiquer, puisque nous devons éviter ce que nous croions mauvais.

On repondra peut être, qu’il est vrai qu’on peut sans manquer à la probité prendre une religion qu’on croit meilleure que celle qu’on quitte, mais qu’il faut que la croiance qu’on embrasse soit du moins assés raisonnable, & assés vraisemblable pour qu’elle nous puisse faire illusion, sans cela il n’y a aucune apparence qu’un homme. qui a de l’esprit et du jugement, puisse agir par une veritable persuasion en changeant de religion : or

Julien
  1. Julianus in lib. II. Cyrilli cont. Julianum pag. 39. edit. in folio.