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rien d’un côté pour l’indisposer contre Gallus, & de l’autre pour faire commettre des fautes au jeune Prince, en l’irritant par des lettres & par des avis secrets. Gallus naturellement crédule & farouche, encore aigri par Constantine sa femme, que les historiens nous peignent comme une furie alterée de sang, ne le prêta que trop aux vues de ses ennemis, par ses cruautés & sa mauvaise conduite. Les Eunuques l’accusèrent alors d’aspirer à l’indépendance & de vouloir se faire proclamer Auguste : sa perte fut resolue. Constance l’attira par adresse en Occident, & lui fit ôter sa pourpre, & enfin la vie. Ainsi périt Gallus frere de Julien, à l’âge de vingt neuf ans, après avoir éprouvé, plus d’une fois, la bonne & la mauvaise fortune. Il étoit Cousin germain de Constance, & doublement son beau-frere. La nature lui avoit donné un exterieur avantageux, & propre à inspirer du respect : mais il fut incapable de régner, de l’aveu de son frere même. Les auteurs de cette cruelle intrigue risquoient trop en laissant la vie à Julien. Ils l’impliquerent donc, sur les pretextes les plus frivoles, dans les crimes de Gallus. Il fut arrêté & livré à des gardes, dont l’inhumanité lui fit souhaiter plusieurs fois d’être au fond d’une prison. Ils le trainerent de côté d’autre pendant sept mois, & ils le conduisirent enfin à Milan, ou la Cour étoit alors. Il y fut longtems entre la vie & la mort, accusé par les Eunuques, & protégé par l’Impératrice Eu-

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