Díeu,[1] dit-il, la mort la plus terrible est celle des pêcheurs, que vous aves condamnés à la mort éternelle, dans le secret de vos jugemens, avant que vous fittes le Ciel & la terre. Vous connoissés leurs noms & leurs actions vous qui savés le nombre des grains de table de la mer. Ceux que vous avés tantés dans leurs ordures ne sont que de mauvaises actions, & les prières même qu’ils vous adressent sont des pêchés. En sorte que s’ils s’elévoient jusques au Ciel, ils seroient cependant perdus à la fin. Au[2] lieu que ceux qui sont écrits dans le Livre de vie ne peuvent jamais perir, tout ce qu’ils font est bien, & leurs pêches sont même de bonnes actions. Lorsqu’ils tombent ils ne se blessent point, parceque vous les soutenés de vôtre main, veillant à la conservation de leurs os, pour qu’aucun d’eux ne se brise. »
Quand on sait les sages reflexions de S. Augustin sur les profondeurs de la predestination, les objections des pretenduss esprits forts, sur le caractere des premiers Souverains Chrétiens, disparoissent ;
- ↑ Attamen mors peccatorum pessima illorum inquam, quos antequam faceres cœlum & terram secundum abyssum judiciorum tuorum occultorum, semper autem justorum, præscivisti ad mortem æternam : quorum dinumeratio nominum & meritorum pravorum apud te est, qui numerumare æ maris dinumerasti, & dimensus es profundum abyssi, quos reliquisti in suis immuntitiis, quibus omnia cooperantur in malum & ipsa etiam vertitur oratio in peccatum, ut si etiam usque ad cœlos ascenderit, & caput eorum nubes
- ↑ Qui etiam scripti sunt in libro vitæ, qui nequaquam perire possunt : quibus omnia cooperantur in bonum, ipsa peccata ; cum enim cadunt non colliduntur, quia tu supponis manum tuam : custodiens omnia ossa corum, ut unum ex eis non conteratur. id.ib. num.3