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qu’il ne l’ait eu, il ne reste plus qu’à examiner, si dans la situation où se trouvoit Julien, ce projet pouvoit être executé, & s’il n’étoit pas contraire à la probité. Quant à moi, je crois que Julien ne pouvoit pas agir différemment de ce qu’il dit. Je vais mettre la proposition que j’avance hors de doute.

Il est demontré que Julien étoit Payen de bonne foi ; il est encore demontré qu’il regardait la Religion Chrétienne, comme une Secte pernicieuse, qui ne tendoit pas à moins qu’au renversement total des Temples, & à la suppresion entiere du culte des Dieux. Or un homme, qui est convaincu de la verité de sa religion. doit empêcher qu’elle ne soit détruite. S’il n’agit pas en conséquence, il manque sa conscience. Donc Julien a dû en suivant les regles de la probité, tâcher d’anéantir le Christianisme, & de rétablir le Paganisme dans l’état, où il avoit été avant qu’il y eut des Chrétiens ; sans pourtant[1] contraindre les Chrétiens par la force & par les supplices, mais en favorisant le Paganisme.

L’on dira peut-être que Julien agissoit d’une maniere injuste, en ne voulant pas favoriser le Christianisme, lui qui protegoit toutes les Sectes differentes des Philosophes, même celle des Épicuriens, qui n’étoient pas moins contraires aux Dieux, que

les
  1. Julien ne força jamais aucun Chretien à changer de Religion, il ne pretendit nuire au Christianisme qu’en empêchant la ruine des Paiens.