Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/102

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rités, se déterminent à ces dernières pratiques, font de grandes aumônes aux bramins, et chargent leurs héritiers de faire prier Dieu pour eux. Il en est aussi qui amassent des trésors pendant leur vie, pour pouvoir s’en servir à se racheter après leur mort, lorsque leur ame a le malheur d’entrer dans le corps d’un misérable.

» La métempsycose produit chez les Indiens les mêmes effets que le purgatoire chez les Nazaréens. Je crois voir dans les Banians, qui font des charités extraordinaires, afin qu’au sortir de cette vie leur ame aille loger dans un corps bien disposé, de riches fermiers-généraux ordonner en mourant, qu’on donne à des moines une partie des trésors qu’ils ont volés.

» Je trouve encore beaucoup de ressemblance entre les riches dévots italiens et les indiens, qui, ne se sentant point assez de courage pour supporter des austérités achètent, moyennant une certaine somme, le droit d’en être exempts. C’est ainsi qu’en use un superstitieux, mais voluptueux Romain. Il obtient, pour dix pistoles, la permission de manger de la viande le carême et les jours auxquels elle est prohibée par les ordres du pontife.