le sens de l’auteur, quiconque ne pense pas d’après les principes et les maximes de ce livre, n’a pas de bon sens.
On voit par cette philosophie et les autres écrits philosophiques du marquis d’Argens, que ce genre de littérature lui convenait peu ; le style de persiflage et de déclamation qui était alors de mode dans les matières les plus graves, s’accommode mal avec des dissertations sur l’incertitude des connaissances humaines, la législation, la morale et les moralistes.
Il était plus heureux dans les mémoires et les récits d’événemens ; sa narration est alors plus correcte, plus naturelle, et appropriée au sujet. Son Philosophe Solitaire n’est pas sans quelque intérêt ; les aventures que l’on y lit, modelées sur celles qui arrivent journellement dans la société, lui donnent un caractère de vraisemblance qui attache. Les Nouveaux Mémoires du comte de Bonneval, qu’il ne faut pas confondre avec les Mémoires du comte de Bonneval, sont également remarquables par la rapidité du style, par l’enchaînement des faits et des détails des aventures de cet homme singulier : quoique publiés sous le nom de Mirone, on sait qu’ils sont du marquis d’Argens.