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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/166

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est partie depuis deux jours au grand contentement du peuple, à qui cet exemple a fait voir que l’église ne fait aucune distinction entre ses enfans. »

Cette histoire, dont j’avais déjà entendu parler confusément, calma un peu mes inquiétudes. J’allai chez le grand-vicaire ; il me parut que l’intendant l’avait instruit du sort de Sylvie. Il me dit que l’évêque ferait quelque difficulté de me marier, sans avoir auparavant un certificat comme je n’étais pas marié, et qu’il fallait écrire en France pour avoir une attestation de l’official ; que je ne m’en devais faire aucune peine parce que, si on me la refusait il me donnait sa parole de passer plus avant ; qu’étant français et étranger, il était obligé d’observer plus de mesures que si j’avais été espagnol.

J’allais passer les après-dînées avec Sylvie, en attendant que Le temps de notre mariage arrivât, et le soir je me retirais chez les moines. Passant un jour dans les rues, je m’entendis appeler par mon nom ; je me retournai, et je vis un homme habillé superbement, qui me dit : Vous serez surpris, monsieur le marquis, d’être connu d’une personne qui ne l’est point de vous. Je vous ai