Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/194

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servir, soit pour son usage, soit pour grossir la flotie du Grand-Seigneur, à qui ils sont obligés de fournir un nombre de vaisseaux lorsqu’il est en guerre : c’est là le seul tribut qu’ils donnent à la Porte[1].

Quant au reste de leur gouvernement, ils le conduisent eux-mêmes ; ils sont les maîtres d’élire leur dey et de le déposer ; ils n’usent que trop de ce privilège ; peu de deys règnent long-temps paisiblement. On nous montra le tombeau de sept deys, qui avaient été élus et massacrés tous sept dans le même jour : il fallait que le huitième fut bien hardi pour accepter la couronne.

C’est le divan général qui règle les affaires qui regardent l’état. Ce conseil est composé des principaux de la ville ; le dey y préside : ce sont leurs états-généraux. Il y a un autre

  1. Le marquis d’Argens donne le nom de république au gouvernement d’Alger, parce que la milice et les habitans se choisissent un dey pour souverain, et que le divan règle sous la présidence du dey les affaires d’état ; mais dans le fond ce régime est monarchique, quoique assez mal organisé. On appelle divan, chez les Tarcs, un conseil ou assemblée générale des grands officiers du prince et de quelques personnes qui ont le droit d’y assister.